Un cheval, qui avait pour ennemi un loup aussi puissant que dangereux, vivait dans une crainte constante... Poussé parle désespoir, l’idée lui vint de se chercher un allié suffisamment fort.
Il alla donc trouver un homme et lui proposa de s’allier avec lui, arguant que le loup était aussi ennemi de l'homme. L'homme accepta aussitôt et proposa de tuer le loup sans tarder, à la condition que le cheval mît sa propre vitesse au service de son nouvel allié. Le cheval permit à l’homme de mettre unes elle sur son dos. L'homme monta le cheval, retrouva le loup et le tua.
« Le cheval, tout content, remercia l’homme et dit : «Maintenant que notre ennemi est mort, libère-moi. »
A quoi l'homme répondit en riant : «Je ne suis pas fou. Lève-toi et file, canasson ! »
Et il lui piqua le flanc de ses éperons. L’ombre qu'était Wienis ne bougea pas. Hardin poursuivit tranquillement : « Vous voyez l'analogie, j’espère. Dans leur désir de s'assurer à jamais la domination sur leurs peuples, les rois des Quatre Royaumes acceptèrent la religion de la science qui les rendait divins ; mais cette religion leur ôta la liberté car elle plaçait le pouvoir entre les mains du clergé, lequel, vous l'avez oublié, prenait ses ordres de nous,et non de vous. Vous avez tué le loup, mais vous n’avez pas pu vous débarrasser des prêtres... »
Isaac Asimov, Fondation